Categories
Inde Moi Voyage

Pardonne-moi mon frère

Faux frère

Si tu es celui que tu prétends, tu me pardonneras de te laisser sans un aurevoir, sans un mot ou même un signe. Tu penseras peut-être que je t’abandonne. Si tu es bel et bien mon frère, tu comprendras que quelque chose de grave m’est arrivé pour que je parte comme un coup de vent. Tu comprendras que je t’aimais et que ça me fait souffrir de te laisser sans explication.

Sinon, tu comprendras encore mieux. Tu auras compris que je ne suis pas ce tourisme naïf à qui on peut faire faire ce que l’on veut à coup d’hospitalité, de lift et de délicieux chaï. Au premier regard, je ne t’ai pas fait confiance mon frère. Mais je suis capable de passer outre cette tendance à catégoriser les gens selon la première impression. Je t’ai laissé une chance de me prouver que je pouvais te faire confiance. Tu as été parfait. Tu m’as fait douter de mon instinct, de ma capacité à lire l’âme des gens en quelques secondes. Pour la première fois, j’étais convaincu que ma première impression avait été fausse. Je t’ai laissé entrer dans mon intimité.

Je t’aime.

Je pars avec le doute au coeur. Une partie de moi reste auprès de toi mais l’autre se sent violée. Je n’arrive pas à y croire. Je ne veux pas y croire. Ça me fait trop mal de penser que tu aies pu me trahir de la sorte, que tu aurais pu m’attirer dans ce coin sombre pour que ton ami me poignarde. C’est impossible. Si j’accepte l’idée, ça voudra dire que mon propre frère m’aura fait tuer pour une poignée de billets. Je refuse d’y croire.

Pardonne-moi mon frère, mais les preuves sont trop importantes et nombreuses pour les ignorer. Et surtout, elles confirment mon instinct qui ne s’était jamais trompé avant toi. S’il se trompe à l’avenir, je verserai une larme en pensant à mon frère indien, perdu à jamais sur la base d’un malentendu.

Je te le promets.

Categories
astuce Inde Voyage

Petits items forts utiles

  • Du fil et une aiguille

Très utile pour réparer quelques pièces de vêtements qu’on a avec nous. (Merci maman de m’avoir obligé à apprendre à coudre et merci belle-maman pour la petite trousse de couture.)

  • Du “tape” (gros scotch pour les Français)

Très utile pour boucher les nombreux trous des moustiquaires.

  • Et mon coup de coeur : le bandana

Protège du soleil

Utile pour y découper des pièces de tissu pour réparer des vêtements ou le sac à dos.

Sert de mouchoir réutilisable

 

Categories
Inde Moi Voyage

Se perdre

Suivre l'étoile

J’ai lu cette expression sur plusieurs blogs.  On me l’a dite plusieurs fois en personne.  J’ai gardé ça en tête sans trop comprendre ce qu’ils voulaient dire.

Se perdre… Encore aurait-il fallu que je me sois trouvé un jour pour pouvoir me perdre pensais-je à l’époque.

Maintenant, je réalise ce danger.  Je n’arrivais pas à mettre des mots sur ce que je ressentais.  La principale raison de mon manque d’inspiration pour le blog.  J’étais en train de me perdre.

En ce moment, je comprends que bien que ceci soit assez universel pour les grands voyageurs, le fait que je sois parti avec plusieurs idées, sans but précis me met encore plus à risque. Lors de ma retraite de méditation de 10 jours (sans communication), j’ai réalisé des choses.  Je sais que plusieurs d’entre vous attendiez des commentaires de ma part sur ces 10 jours  Désolé.  La plus grande constatation de cette retraite est que chacun en fait une expérience personnelle qui est très différente de son voisin de méditation.  Il y a peu de choses qui soit suffisamment universelles pour pouvoir les partager.  Et c’est la même chose pour le voyage.

Je comprends maintenant pourquoi tant de blogs sont plutôt technique plus qu’introspectif. Un tourdumondeux que j’ai croisé, dans un tout autre contexte, m’a parlé de l’étape du feu où tout le monde passe un jour.  Vous avez beau dire à vos enfants que le feu ça fait mal, que c’est trop chaud, que ça brule, tant qu’il n’y a pas touché, tant qu’il ne s’est pas brulé, il ne saura pas vraiment.  Si je vous dis ça, c’est bien humblement.  Tant de personne m’ont mis en garde et pourtant, je n’ai compris réellement qu’une fois perdu, ou sur le point de.

Ça me fait réaliser qu’un de mes buts secondaires de ce blog, qui est d’informer, de préparer ne serait-ce qu’une personne de mon entourage à partir en voyage, est louable, mais peu réaliste.  J’ai beaucoup d’expériences qui font en sorte que je me sentais prêt à partir pour ce voyage.  La majorité des gens qui sont partis ou qui partiront n’ont pas ce bagage.  Mais ils en ont d’autres, ils n’avaient pas le même âge que moi, n’étaient pas parti dans le même but.  Ils trouveront ridicules certaines de mes difficultés, et en auront d’autres que je trouve comiques.

Comme l’a dit mon ami Sylvain (qui me filera sa source si ce n’est pas de lui) : “L’universalité de l’unicité de l’expérience humaine”. Je vais tenter de continuer à me mettre à nu (expression entendu auprès d’un tourdumondeux frileux).  Car à défaut de pouvoir vous préparer à une telle expérience, vous semblez apprécier ce striptease et il me permet d’extérioriser ce que je ressens et j’aurai beaucoup de plaisir à me relire dans quelques années.

Sur ce, je vous laisse avec une citation qui représente plutôt bien ce que je ressens en ce moment.

«Il y a, dans le voyage, cette alliance du plaisir et de la frustration, liée à l’impossibilité de connaître le monde dans sa totalité. Le voyage est certes formateur du jugement, mais il est une errance… Il porte en son sein un danger, d’autant plus grand que le but est élevé, celui de se perdre au lieu de se trouver.» – Lasseur

 

Categories
Inde India L'Autre Sri Lanka Voyage

Faire autant de chemin juste pour ça

Je suis dans l’Autre.  Et ce que je vois c’est Nous.  Oui oui, les Nous inclusifs et exclusifs.

Je vois le conducteur saoul.  Je vois le gars qui pisse n’importe où.  Je vois les déchets dans la rue.  Je vois l’agressif.  Je vois le voleur.  Je vois le macho.  Je vois la profiteuse.  Je vois l’opportuniste.  Je vois le pédophile.  Je vois celle qui a une foi aveugle (religieuse ou pas).  Je vois le sale capitaliste.  Je vois le fier, celui qui a de plus gros bras, une plus grosse moto.  Je vois celle qui est fière de ses lunettes “de marque”.

Je vois la fille qui pisse dans un endroit plus ou moins public.

Je vois aussi celui qui essaie de gagner sa vie et celle de sa famille.  Je vois la personne généreuse.  Celui qui respecte les plus démunis.  Je vois celle qui sourit.  Je vois le timide.  Je vois la respectueuse.  Je vois l’aimant.  Je reçois des accolades d’inconnus.  Je regarde des feux d’artifices au son de musique endiablée pour célébrer des moments importants.  Je vois les rassemblements de gens aux idées divergentes.  Je vois des gens créatifs, inventifs, débrouillards.  Je vois le passionné du sport national.  Je vois celui qui est humble.

Vous savez qui est l’Autre ?  C’est la partie de nous dont on a peur, qu’on préfère ignorer.  Elle est si sale, dangereuse, immorale qu’elle ne peut être en Nous.  C’est forcément l’Autre.

J’essaie très sincèrement de justifier mon voyage.  De me dire que j’ai fait des découvertes sur les spécificités de l’Autre.  Que je peux vous dire comment se protéger contre lui, ou encore mieux, comment l’assimiler ou voler ses secrets.  Mais non, je n’y arrive pas.  Je suis à l’autre bout du monde et tout ce que je vois : c’est du monde.  Du monde ordinaire.  Du monde extraordinaire.  Le monde est peuplé de monde comme toi pis moi et le voisin.