Si tu es celui que tu prétends, tu me pardonneras de te laisser sans un aurevoir, sans un mot ou même un signe. Tu penseras peut-être que je t’abandonne. Si tu es bel et bien mon frère, tu comprendras que quelque chose de grave m’est arrivé pour que je parte comme un coup de vent. Tu comprendras que je t’aimais et que ça me fait souffrir de te laisser sans explication.
Sinon, tu comprendras encore mieux. Tu auras compris que je ne suis pas ce tourisme naïf à qui on peut faire faire ce que l’on veut à coup d’hospitalité, de lift et de délicieux chaï. Au premier regard, je ne t’ai pas fait confiance mon frère. Mais je suis capable de passer outre cette tendance à catégoriser les gens selon la première impression. Je t’ai laissé une chance de me prouver que je pouvais te faire confiance. Tu as été parfait. Tu m’as fait douter de mon instinct, de ma capacité à lire l’âme des gens en quelques secondes. Pour la première fois, j’étais convaincu que ma première impression avait été fausse. Je t’ai laissé entrer dans mon intimité.
Je t’aime.
Je pars avec le doute au coeur. Une partie de moi reste auprès de toi mais l’autre se sent violée. Je n’arrive pas à y croire. Je ne veux pas y croire. Ça me fait trop mal de penser que tu aies pu me trahir de la sorte, que tu aurais pu m’attirer dans ce coin sombre pour que ton ami me poignarde. C’est impossible. Si j’accepte l’idée, ça voudra dire que mon propre frère m’aura fait tuer pour une poignée de billets. Je refuse d’y croire.
Pardonne-moi mon frère, mais les preuves sont trop importantes et nombreuses pour les ignorer. Et surtout, elles confirment mon instinct qui ne s’était jamais trompé avant toi. S’il se trompe à l’avenir, je verserai une larme en pensant à mon frère indien, perdu à jamais sur la base d’un malentendu.
Je te le promets.