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Le poids de la liberté

Ce sera bientôt mon premier anniversaire de retraite.

Pas de dettes, pas d’obligations, pas ou peu de responsabilités.  Assez d’argent, la santé, l’expérience, la débrouillardise, des connaissances.

J’ai le choix.  Je peux faire ce que je veux ou presque.  Essayer d’imaginer.  Pendant la prochaine année, vous pouvez faire tout ce que vous voulez.  Oubliez la femme, oubliez les enfants, oubliez la maison, la voiture, oubliez la maladie qui vous fait souffrir, oubliez la mère souffrante de qui vous prenez soin.  On jase là.  Juste pour l’exercice.  Pensez-y.  Vous êtes probablement comme moi quand j’ai commencé à “planifier” ma retraite.  C’est excitant.  Je me disais :  Je vais pouvoir voyager, je vais faire du yoga, méditer, lire, apprendre au moins un art martial, les massages, la photo, le bénévolat, l’écriture, voir mon monde, relaxer, ne plus me préoccuper du temps et j’en passe.

C’est beau la théorie.

À partir d’ici, je vais probablement en perdre plusieurs.  Certains me diront que je suis stupide (et ils auront probablement raison), certains ne comprendront pas, mais ça m’est égal.  Comme je vous ai dit en commençant mon blog, j’écris pour moi, et si ça résonne chez une personne, c’est génial.

En pratique c’est différent.  Je réalise que je suis encore le produit de mon (ancien) environnement, de ma société.  Je pense encore à la productivité, donc indirectement au temps.  En un an, je n’ai pas fait le quart des choses que je pensais pouvoir faire.  Et les choses que j’ai faites, je ne les ai pas assez (ou assez bien) faites.

Ce que j’ai fait, je l’ai choisi, mais ça m’a empêché de faire tout le reste. C’est fou tout ce que je n’ai pas fait cette année.  Je n’ai pas fait de parachute, je n’ai pas appris de langues, je n’ai pas suivi de cours, je n’ai pas essayé l’opium, je n’ai pas nagé avec les dauphins, je n’ai pas aidé à construire une école, je n’ai visité que 2 pays, j’ai laissé mon monde loin de moi pour rencontrer des étrangers, je n’ai pas investi mon argent dans des projets sociaux, je n’ai pas acheté de cadeaux ou envoyé de cartes postales aux gens que j’aime, je n’ai pas couché avec une prostituée en Thaïlande, je n’ai pas conduit de moto en Inde, je n’ai pas visité le Taj Mahal, je n’ai presque pas lu, je n’ai pas fait de mongolfière, je n’ai pas … Ok, je crois que vous avez compris le principe.

Je suis toujours moi-même.  Je suis encore très en retard dans ma gestion des photos, dans l’écriture de mon blog.  Fidèle à moi-même, je trouve encore que mes photos sont nulles.  La différence, c’est que je n’ai pas d’excuse.  J’ai tout mon temps.  Je décide comment je l’emploie chaque jour.  Du coup, je culpabilise.  Pas par rapport à vous.  Je sais que vous aimeriez en avoir plus mais que vous avez vos vies et que si je ne publie rien, vous allez dormir et manger comme avant.  C’est plus que j’ai ce sentiment (encore), que je dois faire quelque chose, accomplir, réaliser.  C’est chiant.  Pourquoi je n’arrive pas à juste m’arrêter et ne rien faire ?

Je crois que je pense trop.

Vous savez, quand je suis dehors, dans le quartier des jeunes où je fais mon bénévolat, et que les enfants sortent de leur “maison” pour être avec moi, pour être pris en photo (comme ils sont fiers), et qu’ensuite ils s’attroupent tous autour de moi pour regarder leur petite face souriante sur mon écran de kodak, se bousculent pour mieux voir, puis m’accompagnent en me tenant par la main (ou par le bras car j’ai juste 2 mains et ils sont une dizaine) pour me raccompagner jusqu’au pont qui délimite leur quartier, à ce moment, il n’y a plus de temps, il n’y a rien qui compte que ces vrais moments de pur bonheur.

Un jour peut-être serai-je capable de vivre comme ça chaque instant.

Chandu & cie

9 replies on “Le poids de la liberté”

Un classique dans les livres de retraite. Les gens croient souvent qu’à la retraite, ils feront ceci ou cela, mais au final, ils ne font pas grand chose…

J’ai l’impression que tu cours juste après toi même, malgré tout ce que tu as vécu, tu cherches un truc…. Ton mental te promène toujours, alors que ton âme attends que tu te poses pour te révèler, ce que tu cherches… 😉 et quand au temps ( as you’re in india) tu as plusieurs vies pour expérimenter les trucs que tu n’auras pas fait dans celle ci :-p

J’ai l’impression que tu cours juste après toi même, malgré tout ce que tu as vécu, tu cherches un truc…. Ton mental te promène toujours, alors que ton âme attends que tu te poses pour te révèler, ce que tu cherches… 😉 et quand au temps ( as you’re in india) tu as plusieurs vies pour expérimenter les trucs que tu n’auras pas fait dans celle ci :-p

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